Tantôt fragiles ou monumentales, poésie de métal, étrangeté sonore, les sculptures d’Etienne Krähenbühl sont aussi mouvances inattendues, puissance de la matière, transparence de la lumière, humour parfois corrosif de l’artiste observateur du monde. Comme mues par des forces invisibles, elles sont habitées, empreintes de spiritualité, relevant d’un ordre cosmique.
Quelle expérience que de se frotter à l’explosion sonore de Bing Bang !
Lancé à toute volée, dans un élan paroxystique accompagné d’un vacarme étourdissant, la propagation d’ondes tant sonores que vibratoires s’appropriant l’espace du spectateur, le happent de plein fouet et le laisse stupéfait. Malgré lui il est emporté par une symphonie de mouvements, d’ondes et de sons d’une puissance inouïe. Puis progressivement l’orage se calme. De carillons endiablés, les sons deviennent tintements, ils s’égrènent pour s’estomper et disparaître au loin tout en laissant, comme suspendu, un écho dans la mémoire.
Les Mémobiles, alliant titane et nickel en filins de lumière, en gerbes ou en solitaire arrimés dans la matière, sont de nature bien différente. Certains, flanqués d’une lame, d’une plume ou autre guilis de métal, sont aussi insolites qu’inattendus, se métamorphosant au gré du chaud ou du froid. Pour G8 ou G20 par exemple, les tiges courbées, ballantes, ébouriffées ou enchevêtrées se redressent fièrement, en position érectile, formant un cercle à huis clos autour des décideurs de la planète.
Ponctuant cet ensemble sculpté hors du commun, un jeu de gravures inédites illustre un autre aspect créatif de l’artiste.
Un voyage dans la Matière, aux sources de nos lointaines origines. A ne pas manquer !
Etienne Krähenbühl vit et travaille dans la région d’Yverdon. Lauréat du Prix de la Fondation Edouard Maurice Sandoz en 2009, il cumule les trophées et les distinctions, en Suisse et à l’étranger. Nombreuses expositions en Suisse, France, Espagne, Allemagne, Italie, Etats-Unis et œuvres dans des collections publiques et privées.
Cette exposition s’inscrit en parallèle avec celle de la Ferme de la Chapelle, Etienne Krähenbühl « La conscience du caillou » (du 02 juin au 26 août et « La voix d’un espace vide » ( Bernard Garo, du 02 juin au 01 juillet). Une œuvre de Garo est présentée à la Galerie Junod.
Légende de la photo : « G8 », 2011, acier corrodé, fer et nickel-titane, 111x125x125 cm. Photo F, Busson
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